Le TEE (tableau économique d'ensemble):: tableau économique d'ensemble
Depuis longtemps, les comptables nationaux français présentaient une synthèse de ce que nous avons appelé l’approche par les revenus dans un tableau économique d’ensemble (TEE) qui concentrait sur deux pages les comptes de tous les SI, du compte de production au compte financier. Avec le SCN 93 et le SEC 95, la CN va plus loin avec une synthèse qui articule les comptes courants, les comptes d’accumulation et les comptes de patrimoine dans un tableau intitulé comptes économiques intégrés. Les comptables nationaux français – à juste titre – continuent à l’appeler tableau économique d’ensemble, en hommage à la tradition de la CN française et au tableau économique de François Quesnay (1760). Ce TEE nouveau occupe maintenant 4 pages de format 21 x 29,7 cm, ce qui n’est pas excessif pour quelque 3 000 cases. Nous en proposons une version en deux (petites) pages. Pour l’essentiel, les éléments nécessaires à la compréhension du TEE ont été présentés dans les chapitres précédents, puisque fondamentalement le TEE est la juxtaposition de tous les comptes des SI, qu’on y trouve un TOF simplifié, des comptes du patrimoine et de ses variations. Si ces détails ne vous suffisent pas, il est à craindre qu’il ne faille recommencer votre lecture des précédents
La lecture du TEE:
NB : nv = non ventilé; éco = économie nationale.
Le TEE est tout d’abord une juxtaposition des comptes des SI résidents et du RDM. Si le lecteur a des difficultés pour comprendre la place d’une opération dans le TEE, il doit donc chercher la solution dans les chapitres n et m qui présentent la séquence des opérations des comptes PERRUC. Le lecteur peut vérifier que la somme des emplois des comptes courants d’un SI (côté gauche du TEE) égale celle de ses ressources ; et qu’il en est de même pour ses variations d’actifs (gauche) et de passifs.
Pour simplifier le tableau, nous avons supprimé quatre colonnes : deux colonnes de totaux, deux pour les « biens et services »
Le RDM. On a expliqué que, pour le RDM, la séquence des comptes PERRUC était remplacée par trois comptes ; on les retrouve ici, ainsi que leurs soldes (chaque solde figure à gauche et est aussi à droite comme ressource du compte suivant) : solde extérieur des biens et services (négatif pour le RDM, il signifie que le solde extérieur de la nation est positif, ce qui se vérifie lorsque l’on compare les importations et les exportations), solde extérieur courant qui est l’équivalent de l’épargne pour les SI résidents (négatif pour le RDM, don« positif pour la nation : celle-ci v«i augmenter sa richesse à l’égard du RDM), capacité de financement (négative pour le reste du monde, elle signifie qu’il a un besoin de financement à l’égard de la notion capacité de financement positive). les impôts liés à la P et à l’IM reçus par le RDM sont versés par la nation à l’Union euro péenne. Les subventions reçues du RDM sont versées par l’UE à des résidents (agriculteurs…). Rappelons au lecteur qui rencontre des difficultés à interpréter les opérations du RDM que les importations de la France sont une ressource pour le RDM, donc inscrites du côté droit.
- Comptes d’opération. Alors que les colonnes reprennent les comptes des SI, on peut lire en ligne les comptes d’opération qui indiquent pour une opération les ressources et les emplois ; par exemple, comment les intérêts se répartissent en fonction des secteurs qui les reçoivent (côté droit) et de ceux qui les versent. Les comptes d’opération ne nous disent pas en revanche « qui verse à qui » ; pour cette raison, on dit que ce sont des comptes- écrans comme les comptes des SI (dans le TES, le compte des consommations intermédiaires n’est pas un compte-écran).
- Complications peu utiles. Le « vrai » TEE comprend des colonnes de totaux qui permettent de constater que le total des intérêts versés égale celui des intérêts reçus. Cette égalité entre ressources et emplois existe pour chaque opération de répartition : intérêts, rémunérations des salariés, cotisations sociales, bénéfices réinvestis d’investissements directs étrangers (sur cette dernière opération). Les seules opérations de répartition qui échappent à cet équilibre comptable sont les impôts et les subventions sur les produits en raison des complications qu’introduit la mesure de la production aux prix de base. Pour résoudre ce « problème » (qui n’en est pas vraiment un), ont été introduites des écritures compliquées à expliquer et d’un intérêt mineur. Nous les avons supprimées. Pour les autres opérations de répartition et toutes les opérations financières, on peut retrouver l’égalité des ressources et des emplois pour le compte de chaque opération en additionnant de chaque côté l’économie nationale (économique) et le reste du monde. Exemple : le total des titres hors actions vaut 1 851,7 = 1 194,17 + 657,6 à gauche et = 1 131,6 + 715,6 à droite. Pour gagner un peu de place, nous avons supprimé ces totaux.
Si les opérations de répartition, à ces deux exceptions près, donnent lieu à des comptes d’opération équilibrés en ligne, il n’en est pas de même évidemment pour les opérations sur produit. Pour celles-ci en effet, l’équilibre des ressources (PIB et importations) et des emplois (DC, FBC, exportations) ne peut être retrouvé que globalement. Pour que chaque ligne du tableau soit équilibrée, les comptables nationaux ont introduit dans le « vrai » TEE, de chaque côté, une colonne intitulée « biens et services » dans laquelle ils écrivent la contrepartie de chaque opération sur produit (par exemple, pour les exportations ils inscrivent une deuxième fois 501,9 dans la colonne « biens et services » située du côté des emplois). Ainsi les lignes sont-elles équilibrées… Tout en admettant qu’il pouvait exister une addiction légitime à l’esthétique comptable, nous avons supprimé ces colonnes à l’utilité marginale négative pour les utilisateurs.
Dans les deux colonnes eco, qui correspondent à l’économie nationale, le PIB inclut, en plus de la somme des VA des SI, les impôts nets sur les produits.
* Dans le TEE, l’économie nationale est obtenue en additionnant les colonnes des SI et la colonne « nv ».
* Revenu ajusté. Les intitulés des éléments qui permettent de reconstituer le compte de redistribution du revenu en nature et le compte d’utilisation du revenu disponible ajusté (voir p. 53) sont introduits entre parenthèses juste avant l’épargne.
* Les comptes financiers constituent une version simplifiée du TOF.
* Autres changements. Les « autres changements de volume et ajustements » ont été présentés Évidemment plus détaillés dans le « vrai ».
* Réévaluations. Déjà présentées lignes également dans le TEE officiel.
Patrimoine de clôture. Il est obtenu en ajoutant aux éléments du patrimoine de clôture de l’année antérieure toutes les modifications reliées à l’année en cours et présentes dans ce TEE dans les comptes d’accumulation et les comptes de variations de patrimoine.
Les revenus d’IDE dans le TEE:
Il y a investissements directs étrangers (IDE) lorsque l’opération conduit à contrôler plus de 10 % du capital social d’une entreprise. Il y a donc des IDE de la France vers le RDM, et des IDE du RDM vers la France. Les flux d’IDE apparaissent explicitement dans la balance des paiements. Envisageons les IDE de la France dans le RDM. Ces IDE s’accumulent et leur stock est à l’origine de revenus versés à l’investisseur, notamment sous la forme de dividendes (ces revenus sont inclus dans les 29,3 de « revenus distribués des sociétés » qui apparaissent en emplois du RDM et dans les 150,4 et 46,9 qui sont sur la même ligne des ressources des SI investisseurs, à savoir les SNF et les SF). Mais une partie des bénéfices des sociétés n’est pas distribuée. La CN fait comme si ces bénéfices non distribués étaient tout de même versés à l’investisseur et comme si celui-ci les réinvestissait immédiatement. On constate effectivement dans le TEE que le RDM verse (c’est un emploi pour lui) 23,2 de « bénéfices réinvestis d’investissements directs étrangers»; 18,1 sont reçus par les SNF et 5 par les SF (ce sont pour elles des ressources). Le fait que SNF et SF les réinvestissent immédiatement est pris en compte dans la ligne « actions » du compte financier (et dans le flux d’IDE de la balance des paiements). L’intérêt d’un tel traitement est de mieux décrire l’évolution réelle du revenu des sociétés en France et de l’accroissement de leurs actifs financiers. Le traitement des revenus engendrés par les IDE du RDM en France est symétrique : les bénéfices effectivement distribués à cette occasion sont dans les 22,5 de « revenus distribués des sociétés » reçus par le RDM, qui reçoit également 19,5 de « bénéfices réinvestis d’IDE » versés par les SNF. Ce traitement des revenus d’IDE est d’autant plus intéressant que, compte tenu de la croissance vertigineuse des flux d’IDE, les bénéfices réinvestis sont certainement appelés à devenir sensiblement plus importants.
reste du monde(RDM); tableau des opérations financières (TOF); produit intérieur brut (PIB); formation brute de capital fixe (FBCF); sociétés non financières(SNF); Production(P); Comptabilité Nationale(CN); valeur ajoutée (VA); sociétés financières(SF)