Évolutionnisme
Doctrine scientifique fondée sur le principe d’évolution et qui regroupe différentes théories explicatives de la transformation des êtres vivants. En sciences sociales, il s’agit de l’ensemble des théories considérant l’évolution des
systèmes organisés comme analogue à celle des systèmes vivants, quel que soit le cadre de référence retenu (néo- darwinisme, lamarckisme…). Pour Van de Ven et Poole (1995) les théories évolutionnistes peuvent être identifiées par la métaphore essentielle qu’elles utilisent, la compétition pour la survie et la logique de changement qui est celle d’une sélection naturelle entre des firmes en compétition au niveau des populations.
Déjà, l’économiste A. Marshall (1898) suggéra que l’analogie biologique pouvait devenir « la Mecque de l’économiste » en proposant que « dans les étapes avancées de l’investigation économique, lorsque nous nous rapprochons des conditions de la vie, les analogies biologiques sont préférables aux analogies mécaniques ». Il proposa que les firmes connaissent un cycle de vie, supposant qu’elles naissent, croissent et meurent, et qu’une loi de compétition pour la survie détermine cette évolution. Le programme de recherche des institutionnalistes américains d’avant guerre aura également une dimension évolutionniste, et T. Veblen notamment cherchera des réponses évolutionnistes darwiniennes pour la compréhension des origines et du développement des institutions. Il voulut transformer la théorie économique en une théorie biologique et s’est profondément interrogé sur les raisons qui ont fait que l’économie n’est pas devenue une science relevant de la biologie.
S.G. Winter propose, à l’instar de la sélection écologique des espèces qui agit à long terme, que c’est aux structures des firmes qu’il faut se référer pour comprendre leur évolution. Cette structure est généralement considérée dans les approches évolutionnistes comme un système de règles de décision qu’elles appliquent de manière routinières, les routines organisationnelles.
Les trois principes d’évolution que partagent les approches évolutionnistes sont :
– un principe de variation, expliquant la source des nouvelles structures organisationnelles;
– un principe de sélection, expliquant les formes de compétition qui vont conduire à la disparition des firmes n’ayant pas de structures adaptées;
– un principe de rétention, expliquant comment les nouvelles structures se diffusent dans la population.
Les différentes théories évolutionnistes donnent un contenu différent à ces trois principes. Par exemple, le néo¬darwinisme de l’écologie des populations d’organisations considère que la variation est une mutation aléatoire alors que le lamarckisme de l’école néo- schumpeterienne en économie, fondée par R. R. Nelson et S. G. Winter (1982) proposera que l’apprentissage et l’innovation sont des sources de variation possibles.