Intelligence économique ou compétitive
Intelligence économique ou compétitive [Strat.]
Expression popularisée en France par le rapport du Commissariat Général du Plan « Intelligence économique et stratégie des entreprises » (Documentation française, 1994) qui en donne la définition suivante ; « Ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement, et de distribution en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques. Toutes ces actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine concurrentiel de l’entreprise dans les meilleures conditions de qualité, de délai et de coût ». Les termes couramment employés depuis longtemps aux USA sont ceux de business intelligence, de compétitive intelligence. La connotation de renseignement y est forte, induisant la distinction entre information ouverte (disponible) et celle d’information fermée (à se procurer par des moyens indirects).
En France, le terme d’intelligence économique a une connotation moins passive que celui de veille selon ceux qui l’ont adopté et il est proposé pour englober ceux de veille technologique, stratégique ou globale. Certes chacune de ces expressions insiste sur le rôle stratégique de l’information. C’est lorsque manque la bonne information que l’on peut mesurer son importance. Mais elles ne se rapportent qu’au seul processus de recueil des données, alors que l’intelligence économique se réfère à l’action de produire et pas seulement recueillir l’information, qui est certes une tâche essentielle dans le cycle complet de l’intelligence : acquérir, traiter et diffuser en anticipant la demande par une meilleure connaissance des besoins et donc des acteurs.
La finalité de l’activité d’intelligence est d’informer utilement, c’est-à-dire contribuer effectivement à l’amélioration des prises de décisions et à l’élaboration des stratégies des acteurs économiques, quelle que soit leur position. Ceci con¬duit les professionnels de l’intelligence à se préoccuper de plus en plus de la pertinence de l’information, la valeur de l’information, l’attente en matière d’information et, au-delà, à s’intéresser aux processus d’interprétation, de conception et de décision des acteurs. Brigitte Guyot (Dictionnaire encyclopédique des sciences de l’information, Ellipses, 1997) indique qu’en intelligence économique, l’exploitation des données prime sur leur collecte. Si, comme le suggère, par décalque de la loi de Pareto dite loi des 20-80, la loi de Bradford, 80 % des données utiles sont issues de 20 % des sources d’information, mieux vaut ne pas trop investir dans le recueil. En revanche, il faut veiller à une utilisation la plus poussée possible et, donc, une forte individualisation du service rendu. Dans une entreprise, il y a, schématiquement, 3 niveaux où s’exerce une vigilance et où l’information est requise pour en alimenter le processus :
– le premier niveau est le lieu où se prennent les décisions centrales stratégiques, à moyen et long terme, dans un environnement complexe où viennent peser des tendances économiques ou politiques lourdes;
– le second niveau, opérationnel, est le fait du management intermédiaire. Les départements Recherche-développement (innovation), marketing, production, commercial, et la direction de la gestion des ressources humaines ont besoin d’informations pour faire des choix sur leur fonctionnement et leurs projets d’avenir (voir schéma ci- dessous : l’entreprise et son environnement). Le mérite du terme d’intelligence est d’insister sur la nécessité d’interconnecter tous les pôles, car aujourd’hui surveiller une technologie émergente suppose aussi de suivre le marché et les produits voisins. Cette convergence de plusieurs regards est primordiale pour définir les points à surveiller.
Toute opération de veille est un processus qui consiste, une fois analysé le positionnement de l’entreprise sur ses technologies, ses marchés, ses produits (ce que les spécialistes d’économie industrielle et de stratégie des entreprises appellent les FCS, facteurs clés de succès) ;
– le troisième niveau est constitué par les centres de documentation, de propriété industrielle, etc. Ainsi le terme d’intelligence économique prend en compte tous ces types de veille, en insistant sur leur couplage ainsi que sur la nécessité de capter des informations venant de l’extérieur mais surtout celles qui sont produites en interne, dans un double mouvement de capitalisation et d’exploitation.