Piège de compétence
Piège de compétence [strat. man.] Phénomène par lequel les membres de l’organisation sont conduits à utiliser des modes de fonctionnement intrinsèquement moins performants que d’autres, bien que ces derniers soient connus et accessibles. Cette confusion vient notamment de ce que la compétence à exploiter une procédure se développe avec son usage et que son utilisation de plus en plus large produit des rendements croissants d’adoption Ainsi « toute règle de décision qui conduit à un état « préféré » à – un certain moment – sera sans doute plus utilisée dans le futur qu’elle ne l’était avant et inversement » (Cyert et March, 1970). Les agents sont victimes des compétences qu’ils ont développées et qui les incitent à mieux exploiter les ressources en place plutôt qu’à explorer de nouvel les options. Le piège s’explique notamment par le fait que les agents sont réputés incapables d’apprécier de manière précise le potentiel des procédures qui leurs sont offertes. Ils s’en remettent aux performances réalisées, dont une part significative est fonction de l’apprentissage acquis et des rendements croissants d’adoption. Cette notion a été développée en théorie des organisations par les travaux de B. Levitt et J. March (1988) et fut inspirée du concept de piège social (Platt, 1973). Sur le plan des mécanismes mis en œuvre, on constate une forte proximité avec la notion d’enfermement (« lock-in ») utilisée dans les théories du changement technique, et notamment dans les phénomènes de normalisation (David, 1985, Arthur, 1989) qui metent en évidence l’importance de l’histoire des processus.