Valeur acquise
Présentation
Méthode d’analyse de coût utilisée pour la gestion par projet et inspirée des recommandations de la norme américaine 7000.2 du Department of defense (DOD). Cette méthode permet de comparer des écarts de gestion d’un projet en établissant comme base de référence la valeur donnée en interne aux travaux qui sont à effectuer. L’intérêt essentiel de cette méthode est de permettre d’adapter le système de con¬trôle aux fluctuations d’avancement que peut connaître un projet. Il y a trois variables essentielles dans la gestion par la valeur acquise :
– Le coût budgété du travail prévu selon l’AFNOR (Budgeted Cost of Work Scheduled BCWS pour le DOD). Cette valeur est issue de la négociation entre l’acteur projet et les acteurs métier d’un budget pour réaliser les travaux qui sont confiés. Le budget est planifié en fonction du déroulement des tâches. Il est à noter que la référence est issue
d’une négociation et qu’à ce titre son résultat est un construit social et non une donnée. On peut remettre en question les valeurs de référence dans le cours de déroulement du projet.
– Le coût réel du travail effectué selon l’AFNOR (Actual Cost ofWork Performed, ACWP du DOD). C’est tout simplement le montant des ressources exprimées en monnaie, pour réaliser les prestations. Cette expression monétaire ne pose pas de problème pour des achats ou de la sous-traitance, mais il faut traduire les heures internes ou l’utilisation d’équipements en unités monétaires, et cela relève des conventions de la comptabilité analytique de l’entreprise. Une contrainte particulière des projets est de rechercher la plus grande réactivité. Pour cela, leur mana-gement à besoin de l’information la plus précoce, quitte à renoncer dans l’immédiat à sa finesse. Aussi, le CRTE est souvent enregistré en coût engagé par l’entreprise lorsqu’elle ordonne des travaux. La valeur comptable, prise en compte in fine, sera beaucoup plus tardive.
– Le coût budgété du travail exécuté selon l’AFNOR (Budgeted Cost ofWork Performed BCWP du DOD). C’est l’innovation essentielle de la gestion par la valeur acquise (earned value). Il s’agit de l’expression monétaire de l’avancement technique du travail à partir de la référence convenue entre l’acteur projet et les acteurs métiers. Un point essentiel est que cette information est généralement issue des relevés d’avancement technique directement faits sur le terrain, ce qui donne une dimension gestionnaire à des postes qui n’en avaient pas. Encore une fois, le projet cherche l’information la plus précoce, et donne la charge de la fournir à celui ou celle qui peut la faire remonter le plus rapidement.
Les trois variables étant exprimée en valeur monétaire, on peut les consolider et dégager les écarts suivants (toute valeur négative exprimant une dérive) :
– un écart coût qui compare la valeur de l’avancement effectif du travail avec les dépenses engagées. On cherche à savoir combien il faut d’unités monétaires pour produire la valeur d’une unité monétaire.
– un écart de production, qui compare la travail qui devait être effectué à une date donnée avec le travail effectivement réalisé à cette date.
– un écart délai, qui compare la date à laquelle est effectué un travail avec la date à laquelle devait être effectué ce travail dans le programme initial. La valeur utilisée est la différence des jours ouvrés dans le planning du projet.
Ces valeurs sont intéressantes dans la mesure où elles permettent d’améliorer la gestion prévisionnelle du projet. Ainsi, l’acteur projet peut discerner à partir de la position actuelle, la situation au terme du projet, et peut sur cette base engager des actions de gestion.
Ainsi, pour connaître le budget à date de fin du projet, il demande à tous les acteurs-projets de lui soumettre le « reste à faire » (« work remaining » du DOD), c’est-à-dire une évaluation en termes de budget des travaux nécessaires pour atteindre l’objectif assigné. On pourra avoir des travaux supplémentaires initialement oubliés comme l’élimination de tâches jugées finalement superflues. Le « reste à faire » n’est donc pas le « reste à dépenser » (« cost remaining » du DOD). Ce « reste à faire », ajouté au CRTE donne une estimation du coût final du projet. De même, le « reste à faire » étant planifié, si on l’ajoute à l’écart délai actuel, on a une estimation de l’écart délai à terminaison. Il est à noter qu’il n’existe pas, par définition, d’écart de production à terminaison dans la mesure où le projet est terminé.