Ecologie des populations d’organisations: théorie de l'écologie des populations
L’écologie est en biologie la science qui a pour objet l’étude des rapports entretenus entre les êtres vivants et leur milieu.
Ce terme a été construit au milieu du XIXe afin de rendre compte de « l’économie de la nature » (ce qui a conduit à garder le même préfixe « éco »), et notamment des formes prises par la régulation naturelle des populations. L’écologie des populations d’organisations est un courant théorique américain en sociologie des organisations notamment initié par M. T. Hannan et J. Freeman (1977) qui utilisent pas analogie les mécanismes essentiels du néo-Darwinisme. Ils rendent compte de l’évolution des organisations au niveau des populations de firmes ayant des formes organisationnelles similaires. Ces travaux considèrent les organisations comme des systèmes structurés de procédures d’action enchâssées dans un réseau d’interactions avec l’environnement externe. Après leur création, se nouent très rapidement des complémentarités entre les procédures d’action, et avec l’environnement. Les capacités d’évolution disparaissent au niveau de l’individu (la firme) pour être transférées au niveau de la population. Si l’environnement évolue ou si l’on change certaines procédures, les risques de disparition augmentent fortement. M. T. Hannan et J. Freeman (1984) précisent ce dernier point en expliquant que l’organisation a pour vocation de réaliser collectivement des produits avec un niveau de qualité que ses clients peuvent prévoir avec confiance. Ensuite, une organisation doit être en mesure de justifier ses actions quant à l’utilisation de ses ressources en permettant notamment de reconstruire des séquences de décision. Le « monde moderne » favorise les acteurs collectifs qui présentent ces deux caractéristiques. Or une tentative de transformation perturbe le système de production et mécontente les clients. Ensuite, elle occasionne une très forte déperdition de ressources qu’il est difficile de justifier. On fragilise l’organisation et on augmente le risque de disparition. En somme, le processus de sélection naturelle élimine les organisations les moins bien adaptées à l’environnement et celles qui se rendent vulnérables pour changer.
Le processus d’évolution décrit est explicitement néo-darwiniste dans la mesure où :
1. en matière de variation, les firmes ne sont pas supposées évoluer de manière significative par la volonté de leur membres. Les pratiques organisationnelles n’évoluent que par accident, de manière aléatoire, et non par apprentissage dans le milieu. On fait abstraction des « individus » que sont les firmes, pour ne les considérer que comme des véhicules pour les gènes dont elles n’ont finalement pas la maîtrise;
2. la sélection naturelle conduit le processus d’évolution, en ne retenant que les populations qui ont l’organisation la mieux adaptée pour s’approprier des ressources dans l’environnement. La sélection opère notamment dans le cadre d’une lutte pour la survie lorsque des nouveaux entrants viennent disputer les ressources à la population en place;
3. la rétention des caractères organisationnels les mieux adaptés se fait par l’expansion des entreprises en place qui en disposaient déjà, et par l’arrivée des nouveaux entrants.