Efficience du marché
Il convient de distinguer l’efficience allocative et l’efficience informationnelle. Dans le premier cas, on retrouve le sens général de la notion d’efficience : le meilleur usage des moyens. Comme l’indique R. Lucas, l’efficience allocative signifie que les ressources disponibles se dirigent vers les secteurs les plus rentables lorsque les prix sont établis dans la liberté.
Dans le second cas, on dit qu’un marché est efficient informationnellement si les cours boursiers reflètent l’intégralité des informations pertinentes (événements passés et événements anticipés) à l’évaluation des actifs financiers. Cela veut dire que le cours actuel est à tout instant égal au juste prix, c’est-à- dire à la valeur intrinsèque ou fonda¬mentale de l’actif. Il en résulte l’impossibilité de prévoir les variations des cours. Seuls des événements imprévisibles, donc non anticipés, peuvent faire varier les cours et cela de manière instantanée. Dans ces conditions, les gains anormaux sont soit accidentels, soit le fruit d’informations privilégiées. Toutefois, E. Fama distingue trois degrés d’efficience informationnelle des marchés : efficience forte qui correspond à la définition précédente (les individus disposent de toute l’information nécessaire), l’efficience semi-forte (il ne manque que quelques analyses de spécialistes) et l’efficience faible qui correspond aux seules informations légales diffusées sur la place et par les médias.
Les théoriciens de la finance de marché invitent quelquefois à abandonner les modèles mathématiques sophistiqués au profit de modèles conventionnels, en faisant référence à J. M. Keynes. Celui-ci faisait observer que les anticipations dans le domaine financier ressemblent aux « concours organisés par la presse dans lesquels les concurrents doivent choisir parmi des centaines de photographies les six plus jolies filles, le prix allant à celui dont le choix correspond le plus près aux choix de l’ensemble des autres concurrents, et non pas à ses propres préférences. Chacun est ainsi amené à essayer de deviner les goûts des autres joueurs, et réciproquement… On atteint ainsi une sorte de troisième degré dans lequel nous consacrons nos intelligences à prévoir ce que l’opinion moyenne pense que sera la moyenne des opinions. Et certains de pratiquer très probablement le quatrième, le cinquième ou le sixième degré » (Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936).