La prise en compte des changements de prix:
Tout changement de valeur résulte d’une variation de prix et/ou d’une variation de « volume ». La variation de volume correspond à tout ce qui ne s’explique pas par le changement de prix (la quantité, mais aussi la qualité, les nouveaux produits). Il ne faut donc surtout pas confondre volume et quantité. Le volume ne peut pas être défini autrement que comme de la valeur à prix constants. L’élaboration d’indice de prix est donc un préalable au calcul des évolutions en volume. Si la valeur a été multipliée par v et le prix par p, le volume l’a été par v/p. Avec des indices égaux à 1 pour l’année de base, on peut donc écrire que l’indice de volume égale l’indice de valeur divisé par l’indice de prix (l’introduction d’indices en base 100 ne change évidemment pas le principe).
La CN ne calcule évidemment pas un seul indice de prix mais autant que d’opérations sur biens et services : DC des ménages (indice 280 en 2001 sur base 100 en 1978), FBCF (213,7), exportations (190,2), importations (199,0), etc. (des deux derniers indices on peut déduire l’évolution des termes de l’échange de la France de 1978 à 2001 : 190,2/199 = 0,956 ; soit une détérioration de 4,4 %). Existent aussi des indices de prix de la valeur ajoutée. Comme celle-ci est un solde, on ne peut calculer son indice de prix qu’indirectement à partir d’une méthode dite de « double déflation » : en retirant de la production à prix constants d’une branche sa Cl à prix constants, on obtient sa VA à prix constants ; de la comparaison de cette dernière avec la VA à prix courants, on déduit l’indice de prix implicite de la VA. L’indice implicite de prix du PIB (260,4 en 2001, base 100 en 1978) est un bien meilleur indicateur de l’évolution générale des prix que l’indice des prix à la consommation des ménages, mais celui-ci présente l’avantage d’être calculé mensuellement.
Pour calculer les évolutions en volume des opérations financières ou de répartition (salaires, intérêts…), il faut utiliser des indices de prix d’opérations sur biens et services. Par exemple, l’indice des prix de la DC des ménages pour déflater l’évolution de leur RDB (on mesure donc implicitement le pouvoir d’achat de leur épargne avec un indice qui concerne leur consommation).
Les comptes nationaux annuels et trimestriels à prix constants sont établis aux prix de l’année de base (2000 actuellement). les inconvénients qui en découlent sont neutralisés par l’utilisation d’indices-chaînes. Appréciable progrès introduit par le SCN 93.
Au-delà des problèmes posés par les indices de prix (notamment dans la prise en compte des nouveaux produits [Lequiller, 1997]), il faut être conscient des difficultés d’interprétation liées à la déformation des prix relatifs. Par exemple, mesuré aux prix courants, le coefficient budgétaire des services (c’est-à-dire le poids des services dans la consommation des ménages) est passé de 33,9 % en 1970 à 46,8 % en 1996, soit une croissance de 12,9 points (comptes de la base 1980).
Cette évolution n’exprime pas seulement la forte croissance du volume de la consommation de services mais aussi le fait que leur prix a augmenté plus rapidement (indice 615) que l’ensemble des prix (indice 531), autrement dit que leur prix relatif s’est accru (de 16 % ; 615/531 = 1,16). Si l’on neutralise ce dernier facteur d’élévation, l’évolution est nettement moins forte : mesuré aux prix de 1980, le coefficient budgétaire des services est passé en un quart de siècle de 34,8 % à 41,5 %, soit une croissance de 6,7 points. C’est impressionnant, mais moins que la variation de 12,9 points enregistrée à prix courants.
Pour certains produits, c’est le sens même des évolutions qui peut être modifié. Ainsi, pendant la même période, le coefficient budgétaire des biens durables est-il passé de 7,3 % à 7,0 % à prix courants, mais de 6,4 % à 9,4 % aux prix de 1980 (le prix relatif a baissé de 32 %). Le contraste est encore plus net pour les téléviseurs dont le coefficient budgétaire chute de 0,50 % à 0,24 % à prix courants, mais bondit de 0,30 % à 0,68 % à prix constants (le prix relatif a chuté de 83 %, ce qui correspond même à une baisse de 11 % des prix absolus).
La chute rapide des prix relatifs en électronique et en informatique perturbe fortement l’interprétation de certains résultats. Par exemple, la structure de la FBCF par produits de 1978 à 2001 se déforme manifestement très différemment à prix constants et à prix courants : le poids des matériels électrique et électronique est multiplié par 1,9 aux prix courants mais par 7,6 à prix constants. La baisse du prix relatif de la FBCF par rapport à celui de la VA permet d’expliquer une petite partie de la chute du taux d’investissement (FBCF/PIB) : moins 2,7 points à prix courants, plus 1,4 avec ceux de 1995. À suivre les tendances récentes, on peut se demander si ce type de phénomène n’est pas en train de s’amplifier [Lequiller, 2000].
Comptabilité Nationale(CN);dépense de consommation finale (DC); formation brute de capital fixe (FBCF); reste du monde(RDM)