Internet et numérique : Au-delà d’une commodité, une ressource stratégique
Les technologies représentent un enjeu stratégique pour les entreprises. Elles sont à la fois une cause et un levier pour favoriser des changements managériaux profonds, alléger les structures, mieux connaître les marchés, optimiser la production et améliorer la gestion quotidienne de l’entreprise. Cela nécessite de repenser leur place et leurs rapports avec l’organisation.
Pour rendre compte de ces technologies, on dispose aujourd’hui de vocables génériques, qui s’entremêlent — systèmes, réseaux et application – et produisent des effets qui ne sont pas faciles à circonscrire. Or on s’aperçoit que les applications mises en place, aussi bien internes que commerciales, font appel à des grappes de fonctionnalités différentes, mêlant à la fois de l’infrastructure, des supports techniques, de l’organisation, de la procédure, des démarches d’implémentation et de mise en œuvre. Dans un tel cadre, la capacité de gérer des projets techniques, économiques, d’implémentation et de management est absolument déterminante.
Bien souvent, les demandes que l’on voit apparaître dans les entreprises ne sont pas des demandes de fonctionnalité, mais de support technique. Il est donc difficile de séparer clairement la partie fonctionnelle de la partie organisation et technique. Pour le management, il devient ainsi beaucoup plus ardu d’identifier les objectifs à assigner à ces applications. Qu’attend-on d’un progiciel de gestion intégrée ? Une solution « presse-bouton », opaque et compliquée, mais qui permet de disposer automatiquement des résultats issus de la comptabilité analytique, ou bien une aide à la décision permettant d’évaluer de façon concrète et précise les retours sur investissement ? À qui doit-il s’adresser ? Aux opérateurs, aux comptables ou aux contrôleurs de gestion ? ou s’agit-il d’un outil qui servira essentiellement au directeur général pour qu’il dispose d’un tableau de bord intégré ? Comment penser la productivité ? Quelle place occupe cet outil dans l’organisation ?
La mise en œuvre de telles applications s’inscrit toujours dans un jeu subtil entre les différents acteurs de l’entreprise, notamment les directions générales qui ont des visions stratégiques, les directions des systèmes d’information qui vont penser en termes d’infrastructures techniques, et les directions métiers davantage plongées dans le travail opérationnel quotidien. Dans la plupart des entreprises, le développement des systèmes d’information se heurte à l’incapacité de penser simultanément aux trois.
Deuxième enjeu : comment penser les nouvelles formes d’organisation sociale ? L’organisation classique, en tuyaux d’orgue ou départements interconnectés, est très largement déconnectée des modes de structuration qui font une large place à la mise en réseau généralisée. Car ces nouvelles formes, que l’on qualifie parfois d’entreprises 2.0, conduisent à penser différemment la proximité et les distances, à la fois pour la production des contenus, pour la prestation de services et pour le partage de savoir.
Elles posent dès lors au management des questions nouvelles. Les réseaux et le développement des communautés supposent que les entreprises soient capables de gérer de manière différenciée les contributions et les droits d’accès de chacun : en un mot les annuaires. Avec qui chacun peut-il échanger des données ? Jusqu’à quel point ? Qui a droit à quoi ? Qui peut consulter quoi ? Ce travail de définition permanente est un enjeu essentiel et il n’était pas réalisé par les entreprises auparavant. Jusque-là, en effet, on considérait simplement que quelqu’un était soit dans l’organisation, soit au dehors, et que chacun obtenait des droits d’accès en fonction de ses galons. Aujourd’hui, il faut raisonner fonctionnellement en permanence avec des gens qui sont dedans et dehors, dont la contribution tient à leur expertise plus qu’à leur niveau hiérarchique. Les frontières sont en train d’être redéfinies.
Des structurations nouvelles, mais qui préexistaient, sont donc mises en œuvre. On n’a en effet pas attendu les technologies de l’information pour parler des réseaux. Par contre, elles permettent de prendre en charge de façon quasi automatique l’animation, les processus et les routines de fonctionnement. Des réseaux, encouragés par les technologies, peuvent dès lors émerger, comme le montrent bien ceux stimulés par les sites de commerce électronique. Car les technologies permettent d’identifier des enjeux communs : avec de nouveaux réseaux se créent à la fois des savoirs, du lien social et de la production de service.
De tels réseaux soulèvent néanmoins des interrogations particulières et inédites en termes d’économie et de management. Comment positionner ces formes alternatives de décentralisation ? Quelles structures de gouvernance faut-il pour des organisations réparties et en perpétuelle évolution ? Comment penser des cadres de contrainte et de régulation dans un contexte d’échange marqué par une idéologie un peu autonomiste, voire libertaire ?
Vidéo : Internet et numérique : Au-delà d’une commodité, une ressource stratégique
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Internet et numérique : Au-delà d’une commodité, une ressource stratégique