L’illusion de la machine génératrice de profits perpétuels : Deux cents ans de crises… imprédictibles ?
Il n’y a pas que les pays d’Amérique latine qui sont en crise : tous les pays sont régulièrement en crise. Des collègues économistes, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff ont mis en évidence, sur une période de deux cents ans, le nombre de pays en crise chaque année. La base moyenne est de dix à vingt. Mais on assiste à des pics réguliers à quarante et cinquante. De ce point de vue, la crise actuelle n’est pas du tout nouvelle. Elle est, par de multiples aspects, très semblable à la crise des années 1920. En particulier, Reinhart et Rogoff mettent en lumière une forte corrélation entre l’acuité des crises et le salaire des banquiers. Dans ces années-là, le salaire des banquiers a atteint des sommets : il a doublé en vingt ans. Des années 1980 à aujourd’hui, on observe un phénomène similaire.
Reinhart et Rogoff ont également établi une corrélation entre la proportion des pays en crise bancaire et la mobilité du capital. Nombreux sont les jeunes qui pensent que la globalisation est un phénomène inédit, créateur d’un nouveau monde. Pas du tout ! Ceux qui ont une conscience historique savent bien que l’empire britannique était au sommet de la globalisation à la fin du XIXe siècle : pour un citoyen de l’empire britannique, il n’a jamais été aussi facile de transférer ses fonds ou de voyager en toute sécurité de par le monde qu’à cette époque.
Ces mêmes études mettent en évidence la nette augmentation de la dette publique sur les trois ans qui semblent généralement nécessaires aux États pour résoudre leur crise financière. Selon ce critère, on constate que la crise la plus faible a été celle de la Malaisie : l’accroissement de la dette n’a été que de 40 %, la moyenne historique étant de l’ordre de 86 %. Le Fonds monétaire international (fmi), pour sa part, chiffre le coût de la crise actuelle à 27 % de produit intérieur brut (pib). Dans la perspective que nous venons d’évoquer, ce pourcentage est le plus faible jamais connu historiquement. À nous, donc, d’en tirer les conséquences vis-à-vis de la crédibilité de telles estimations. Les développements récents avec les crises de la Grèce en mai 2010 et de l’Irlande en novembre 2010 semblent confirmer que le fmi était trop optimiste et que l’on peut s’attendre à bien pire.
Telle est la normalité des crises. Cela posé, beaucoup estiment que les crises sont des black swans, des cygnes noirs : ne voyant que des cygnes blancs, ils pensent qu’il n’existe qu’une seule espèce de cygne. Mais s’ils vont en Australie, ils découvriront une nouvelle espèce, de couleur noire. Une seule observation suffira à détruire leur croyance. Le même phénomène est à l’œuvre pour la crise financière. On s’attache à des modèles mais les évènements d’un jour balayent nos croyances, nos théories et nos bases intellectuelles.
Une telle analyse des crises est selon moi totalement fausse et, plus encore, dangereuse. On aurait affaire à des crises définitivement mystérieuses ne pouvant être diagnostiquées à l’avance ni prédites. Face à la colère de Dieu, une seule stratégie demeure : acheter de l’assurance. L’approche de type dragon kings que je développe me paraît plus adaptée.
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