Les principes du comptabilité : juste valeur (fair value)
Les normes comptables internationales IFRS entrées en vigueur depuis l’exercice 2005 pour tous les groupes cotés en Europe ont introduit le principe de la fair value. La traduction par «juste valeur » est d’ailleurs contestable car elle confère au terme de fair une double connotation emphatique d’exactitude et de justice, absente de l’expression anglaise fair value. Celle-ci serait mieux traduite par valeur « correcte » ou valeur « acceptable » ou valeur « équitable ». Le principe de la fair value vise à prendre en compte dans certains cas la valeur actuelle au bilan des groupes. En fin d’exercice, il faut actualiser les coûts historiques en les remplaçant autant que possible par des valeurs équitables. Cette substitution ne se fait pas poste par poste, mais pour des sous-ensembles de l’entreprise.
En effet, le groupe doit être décomposé en autant d’unités qu’il existe de composantes susceptibles de gagner de l’argent de manière autonome. Et ces « unités génératrices de trésorerie » font l’objet d’une évaluation financière chaque année. Si cette évaluation s’écarte de leur valeur comptable, alors il faut introduire une correction à l’actif, dont la contrepartie aura un impact sur les capitaux propres du groupe, parfois sur le résultat consolidé.
Qu’est-ce donc que la fair value ? La fair value est la valeur correcte au regard des intérêts des parties concernées, ou la valeur acceptable par des parties de bonne foi. La définition suivante est reprise plusieurs fois dans les normes : « La juste valeur est le montant pour lequel un actif pourrait être échangé, ou un passif éteint, entre parties bien informées, consentantes et agissant dans des conditions de concurrence normale. » Cette notion de valeur correcte est donc générique et elle se décline en plusieurs définitions :
- la « valeur de marché » : une valeur observable sur un marché donné (par exemple, pour un bien immobilier ou pour des titres cotés ;
- la « valeur estimée » : une valeur calculée sur la base de prix de comparaison (par exemple à l’aide d’un multiple tel que le per) ;
- la « valeur actuelle » : la valeur actuarielle calculée sur la base de flux futurs et d’un taux d’actualisation ; c’est l’approche fondamentale en finance ;
- le « prix de vente » : un prix relevé sur des produits et transposable directement (par exemple pour l’évaluation de stocks de produits finis) ;
- le « coût de remplacement » : les prix pratiqués sur les marchés d’approvisionnement, augmentés des frais annexes, ils pourront s’appliquer aux stocks de matières premières par exemple ;
- la « valeur d’utilité » : c’est la valeur correcte augmentée des avantages (ou diminuée des coûts spécifiques) propres à un utilisateur, tels que les synergies escomptées d’une acquisition.
La question de savoir si la fair value est un concept englobant, ou une méthode d’évaluation particulière n’est pas clairement tranchée. Mais quelle que soit la méthode, la fair value conduit à inscrire au bilan le prix de l’actif ou du passif réalisable sur un marché à la date de publication du bilan. Elle introduit ainsi la valeur de marché des actifs au bilan des entreprises. C’est pourquoi le principe de la fair value marque une étape importante dans le sens de la financiarisation de la comptabilité.
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