La comptabilité : partie double
L’antiquité gréco-romaine à laquelle nous sommes redevables de si nombreux principes élémentaires de notre civilisation a, semble-t-il, oublié celui de la comptabilisation en partie double. On trouve trace, par exemple, des principes d’actualisation financière, mais aucune en matière de tenue des livres comptables.
L’histoire de la comptabilité attribue la première formalisation du système de comptabilité en partie double à un moine franciscain du xve siècle, Luca Pacioli, plus connu pourtant pour ses ouvrages mathématiques que pour sa contribution à la technique financière.
Aucun événement de la fin du Moyen Age, hors les besoins des marchands vénitiens, ne prédisposait à un besoin de formalisation comptable qu’on aurait plutôt situé à la période de naissance du capitalisme et dont on aurait attendu une évolution liée à la modernisation du monde financier. Mais la période de la Renaissance a vu un renouveau et un développement de l’étude des matières nobles comme les mathématiques et il n’y a rien finalement d’étonnant à ce que la comptabilité ait été partie prenante de cette évolution. Depuis que le mécanisme de la partie double a été codifié il y a cinq siècles, rien n’a fondamentalement changé. Comme souvent pour les inventions géniales de simplicité et de pertinence, le progrès technique n’a rien trouvé à ajouter à ce principe, essentiellement parce qu’il repose sur l’analyse d’une réalité économique élémentaire qui est que toute transaction d’entreprise est effectuée avec un tiers, fût-il soi-même.
Une vente, un achat, un virement bancaire donnent tous lieu à mouvement de patrimoine à la fois dans l’entreprise et dans une partie tierce ; la comptabilisation en partie double, avec un débit et un crédit obligatoires, reflète ainsi cette réalité permanente du monde économique : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
S’il y avait une caractéristique à retenir de la partie double, ce serait indiscutablement son caractère probant en matière de piste d’audit et de preuve. Toutes les transactions faites avec l’extérieur peuvent grâce à elle être confrontées avec les tiers. Sans partie double, pas de bilan équilibré, et sans bilan pas d’audit possible.
Ainsi, les données produites par le système comptable sont, grâce à la partie double, les seules qui soient certifiables et garantes de fiabilités pour les gestionnaires et autres utilisateurs des états financiers.
La comptabilisation en partie double est finalement un peu comme la stéréophonie en musique : quand on l’a inventée, le progrès a semblé décisif, puis toutes les tentatives de perfectionnement par ajout de dimensions complémentaires se sont révélées peu probantes. Donc, pas de système comptable en partie triple ou quadruple et de même que la quadriphonie n’a pas supplanté la stéréophonie, la partie double est restée la base de toute comptabilité.
Vidéo : La comptabilité : partie double
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