La comptabilité : résultat
Résultat courant:
La compréhension et l’analyse de la performance de l’entreprise nécessitent presque toujours l’exclusion d’un certain nombre de transactions qui, par leur nature non récurrente ou leur montant significatif, perturbent la lecture du compte de résultat.
Plus-values de cessions, dépréciations d’actifs, provisions pour restructuration sont autant d’éléments pouvant justifier une communication spécifique. Ces « éléments particuliers » (l’expression anglaise d’origine special ITEM n’a pas trouvé vraiment de bonne traduction) sont difficiles à identifier et à comptabiliser a priori dans des comptes spécifiques.
Il n’y a donc pas vraiment de concept de résultat comptable excluant ces éléments et l’usage a plutôt consacré une pratique de communication extra-comptable sur une notion de résultat courant, c’est-à-dire résultat hors éléments particuliers.
L’avantage de cette pratique est la souplesse : analyse a posteriori, utilisation possible pour tout type d’indicateurs (résultat opérationnel, résultat net…).
L’inconvénient est la subjectivité et le risque d’une généralisation abusive dans les « special items » des transactions néfastes à la communication financière ou dont personne ne se sent redevable.
Les autorités de contrôle des marchés n’ont pas manqué de limiter au maximum le développement d’une communication financière trop exclusivement centrée sur des « résultats courants » ad hoc.
Résultat exceptionnel:
Le concept de résultat exceptionnel est peut-être l’espèce en voie de disparition du monde comptable, tant il est vrai qu’il est presque impossible de définir des transactions ayant un caractère exceptionnel par nature.
Si l’objectif est de permettre au lecteur des comptes de mesurer la performance normale et reproductible de l’entreprise en éliminant les éléments trop atypiques, il faut presque toujours faire appel au jugement.
La publication extra-comptable des éléments, dit non récurrents ou particuliers du résultat comme certaines plus-values de cession, dépréciations d’actifs ou autres provisions pour risques significatifs, répond alors mieux à l’objectif qu’une rubrique ad hoc du compte de résultat construit sur la base de règles trop standard. La situation du résultat exceptionnel, en regard des normes, est loin d’être stabilisée et il y a là un enjeu important de la future normalisation du compte de résultat.
Résultat financier:
L’acception la plus connue du résultat financier se réfère aux produits et charges relatives aux actifs et passifs financiers au bilan : immobilisations financières telles que titres et prêts, trésorerie, dettes financières, mais aussi tous les instruments financiers dérivés liés à cet élément et qui sont désormais valorisés au bilan en valeur de marché.
Comme les autres agrégats du compte de résultat en normes internationales, il manque de normalisation dans sa présentation et son analyse n’est pas toujours aisée, en particulier pour faire la distinction entre les éléments du résultat financier représentatif du coût du financement proprement dit (frais financiers sur dettes, produits financiers de la trésorerie, valeur de marché de tous les instruments financiers dérivés utilisés pour améliorer le coût du financement) et les autres produits et charges financières (revenu des titres de participation, produits financiers sur prêts, ainsi que les dépréciations et la valeur de marché des instruments dérivés liées à ces actifs financiers). Le lecteur des comptes trouvera normalement, en annexe, les informations nécessaires à cette analyse.
Résultat global:
Le conception de résultat global (le comprehensive income) est un nouvel intrus dans le monde de la comptabilité. Il est considéré par certains praticiens reconnus comme un des agrégats fondamentaux de la performance mais est, en pratique, encore peu utilisé.
Le résultat global est défini par toutes les variations de capitaux propres, donc du patrimoine de l’actionnaire, autres que celles relatives à des échanges financiers qu’il peut avoir avec son entreprise, tels que les augmentations de capital et les dividendes versés.C’est donc bien, conceptuellement, la variation de richesse de l’actionnaire, mesurée comptablement.
En pratique, dans les méthodes actuelles, ce résultat global se compose du résultat net qui mesure la performance acquise à l’actionnaire, et d’un certain nombre d’autres rubriques qui permettent de faire varier la valeur comptable d’actifs et de passifs, mais qui ne sont pas considérées comme constitutives du résultat parce que temporaires ou latentes. On y trouve ainsi, par exemple, les écarts de conversion des comptes des filiales en monnaie étrangère, la variation de valeur des instruments financiers qui servent à couvrir le risque de change de transactions futures et la variation de valeur de certains titres de participations immobilisés évalués en valeur de marché.
Ces changements de valeur sont en général réintégrés en résultat net quand ils se réalisent définitivement à l’occasion d’événements tels que la cession des filiales concernées. Le côté un peu hétéroclite des constituants du résultat global autres que le résultat net traditionnel, les ont fait qualifier par certains Anglo-Saxons de dirty surplus, expression qu’il faut renoncer à traduire. Pour certains, il n’a donc pas de signification.Pour d’autres, le résultat global, étant moins restrictif que le résultat net, doit être mis en avant dans les comptes au détriment de ce dernier dans un compte de résultat « global».
Devant l’âpreté de la querelle induite par cette question, les normes internationales autorisent actuellement les deux approches, l’une retenant un compte de résultat unique, l’autre deux tableaux séparés.
Résultat net:
Conceptuellement, le résultat net, parce qu’il représente l’enrichissement de l’actionnaire, devrait pouvoir se mesurer par la variation des capitaux propres de la période autre que celle liée à des flux de trésorerie entre l’entreprise et ses actionnaires (mouvement de capital et dividende). Or, l’examen du tableau de variation des capitaux propres présenté avec le bilan montre qu’il existe d’autres éléments qui interviennent et sont nécessaires à la valorisation des actifs et passifs du bilan, comme les écarts de conversion et autres mouvements de patrimoine imputés directement en situation nette. Cela a fait dire à certains que le résultat net n’était peut-être pas si net que cela et qu’il faudrait évoluer vers un nouveau concept de résultat global déterminé directement à partir de la variation des capitaux propres. Le débat théorique est ainsi ouvert mais, aujourd’hui encore, le résultat net reste l’indicateur de mesure de la performance universellement utilisé par les parties prenantes, et l’hypothèse de sa supression ne va pas sans provoquer un débat animé.
Résultat opérationnel:
Il y a presque autant de définitions du résultat opérationnel qu’il y a d’entreprises. Suivant le niveau de décentralisation du contrôle de gestion et des modalités de responsabilisation de postes opérationnels de chaque entreprise, le sous-total du compte de résultat qualifié d’opérationnel pourra ou non inclure certains éléments non directement liés à l’exploitation ou certains éléments à caractère exceptionnel : amortissements exceptionnels de goodwill, plus-values, restructurations, change, etc.
Devant l’absence de comparabilité d’un agrégat aussi utilisé en communication financière, les autorités de contrôle des marchés ont émis des recommandations pour éviter que le résultat opérationnel ne se situe trop loin du résultat net et qu’il n’exclue des éléments négatifs trop importants, sans toutefois le définir précisément.
En l’absence de normalisation, on peut a minima s’accorder sur ce qui doit être exclu du résultat opéra- tionel par principe : le coût du financement du capital employé, c’est-à-dire en pratique les intérêts financiers sur la dette financière nette. L’avantage de cette définition est de fournir le numérateur du ratio de rentabilité du capital employé.
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