L’économie, la mal-aimée des médias : Organes d’information ou contre-pouvoirs ?
Une autre difficulté va apparaître de plus en plus. À quelques exceptions près, les sites d’information ne sont pas rentables sur Internet. Quand il a créé Mediapart, Edwy Plenel tablait sur 35 000 abonnés pour atteindre la rentabilité ; au bout de deux ans, il n’en avait pas la moitié. Il a fallu attendre l’affaire Bettencourt pour qu’il annonce qu’il serait sans doute à l’équilibre en 2010. Les seuls sites rentables sont les sites de finance, qui apportent une valeur ajoutée très forte. Bref, nous sommes dans un effet de ciseau où Internet n’est pas encore rentable, et la presse ne l’est plus.
Que va-t-il se passer ? Les regroupements vont se poursuivre sous la houlette de grands groupes industriels… Les rapports entre les rédactions et les actionnaires risquent d’être de plus en plus tendus, même s’il existe quelques bateaux dissidents, comme Alternatives économiques ou Rue 89. Le danger, c’est qu’ils ne se positionnent plus comme des organes d’information, mais comme des contre-pouvoirs. Ils idéologisent donc en permanence l’information qu’ils traitent et la mélangent au commentaire.
Plus le matériau est complexe — et c’est le cas de l’économie – plus on cherche à l’éviter ou à le réduire à la portion congrue. La paupérisation se traduit également par une surcharge de travail pour les journalistes qui ne traitent plus un seul sujet, mais quatre par jour, sans compter les brèves. La pression est tellement forte qu’ils deviennent de plus en plus elliptiques, ce qui ne fait qu’accentuer le divorce entre l’agent émetteur et les récepteurs. Ajoutons à cela une culture économique globalement très faible dans le seul pays de I’ocde où les deux tiers des habitants déclarent qu’ils sont contre l’économie de marché… On comprend alors qu’il soit particulièrement compliqué d’en parler et d’en faire. De plus, l’idéologie n’est jamais absente dans ce domaine. Dès que l’on aborde ces sujets, on vous soupçonne immédiatement d’être au service du patronat. Dans l’esprit des gens, l’économie est libérale, donc de droite. L’enseignement a sans doute sa part de responsabilité, la plupart des gens découvrant cette discipline lorsqu’ils s’inscrivent en faculté. Le chemin est donc encore long…
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