L’économie discutée : La question des déficits publics
Il est évident qu’il faut, face à la crise actuelle, accepter les déficits publics et le fait que la dette publique, bien que très élevée, peut encore progresser. Elle peut le faire pour la raison simple que l’Etat n’est pas assimilable à une famille. La plupart d’entre nous nous assurons pour ne pas laisser de dettes à nos descendants, en mourant. L’État, lui, a une durée de vie indéfinie. Il emprunte aujourd’hui, mais personne ne sait quand il va disparaître donc il peut emprunter indéfiniment, alors qu’une banque refusera de prêter de l’argent à une personne de quatre-vingts ans. Si moi, fonctionnaire, j’apprenais que l’État sera en faillite en 2012, je quitterais immédiatement mon métier pour en trouver un autre. Mais il ne fera pas faillite avant ma mort.
L’État étant détenteur de la violence légitime et ayant une espérance de vie indéfinie, il peut donc s’endetter indéfiniment. C’est l’explication du paradoxe qui veut que ce soit l’acteur le plus endetté de l’économie auquel les banques prêtent avec le taux d’intérêt le plus faible, sachant bien qu’il remboursera toujours ! La capacité de l’Etat à s’endetter est vertigineuse. En décembre 2008, les Etats-Unis ont emprunté en un mois autant que pendant toute l’année précédente. L’Etat a des capacités inouïes avec la monnaie. C’est bien pour cela que des libéraux comme Friedman reprochaient à Keynes d’avoir ouvert la boîte de Pandore en justifiant l’interventionnisme. Car si les citoyens découvrent que l’État a une telle capacité, on fera n’importe quoi. Telle est l’angoisse des libéraux, en partie justifiée. Mais il ne faut pas oublier que la dette publique a une spécificité, et qu’on ne peut pas en parler comme de la dette privée. Donc, à qui affirme « C’est abominable, chaque petit Français qui naît devra rembourser 30 000 euros », on peut répondre par l’affirmative, mais ajouter que cette somme lui sera indirectement reversée. Car si l’État a des dettes, c’est qu’il y a des créanciers. Ce qui est au passif pour l’État est à l’actif pour d’autres. C’est ce que l’on voit au Japon où la dette publique dépasse largement 100 % du pib, ce qui ne pose pas de problème insurmontable sauf si cette dette est détenue par l’étranger. Car alors, tout remboursement est une perte de richesse pour la nation.
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